Kaoutar Meziane, dirigeante du club Innae Do, ne cesse d’évoluer dans le monde du Taekwondo. Dernière preuve en date, la jeune femme de 27 ans vient de réussir son brevet d’arbitre internationale.

La liégeoise fait partie des 30% de femmes affiliées à l’ABFT. Elle a découvert le Taekwondo à l’âge de 7 ans. 20 ans plus tard, Kaoutar n’a cessé de s’investir dans ce sport en participant aux entraînements provinciaux et fédéraux. Mais aussi de passer les différents grades de Taekwondo jusqu’à obtenir son 3ème Dan. Elle ne s’arrête pas en si bon chemin et ouvre son club de Taekwondo, Innae Do, en province de Liège en 2015. En juin dernier, elle devient arbitre internationale.

Psychomotricienne dans un institut spécialisé de la province de Liège, Kaoutar revient sur l’obtention de son brevet, ses ambitions futures et la place de la femme(-arbitre) dans le monde du Taekwondo.

Quelles ont été les différentes étapes pour obtenir ce brevet d’arbitre international ?

Il faut tout d’abord être arbitre au niveau national de grade A et avoir acquis un certain palmarès de compétition dans sa pratique. J’ai participé à plusieurs championnats au niveau national dans lesquels j’ai pu arbitrer des élites et athlètes de haut niveau. J’ai arbitré principalement en Belgique et, à quelques occasions, dans le Grand-Duché de Luxembourg.

Pour devenir arbitre international, il faut connaître le règlement sur le bout des doigts. Il faut aussi avoir une bonne gestuelle. Chaque seconde est importante dans un combat. L’arbitre doit être réactif et prendre les bonnes décisions au bon moment. Il faut avoir un ensemble de qualités pour pouvoir arbitrer. L’impartialité est bien entendu la principale de ces qualités, à mon sens.

Cette année, des changements ont eu lieu dans le règlement d’arbitrage. Il a donc fallu assimiler rapidement la nouvelle réglementation afin de réussir mes examens de passage. Il y avait différentes étapes en vue de l’obtention de ce brevet. J’ai dû passer un ensemble d’épreuves : un test de pratique de la gestuelle; un test de condition physique; un test d’anglais (oral); un test de scoring et un test écrit. J’ai passé et réussi ces examens pour devenir arbitre international, en juin dernier.

Pourquoi avoir voulu obtenir ce brevet d’arbitre international ?

J’étais dans une bonne dynamique. Après avoir réussi tous les examens de passage de grades au niveau national, j’ai logiquement fait le choix de présenter l’examen mondial d’arbitrage. C’était dans la continuité.

Dans tout ce que j’entreprends, j’aime me surpasser et aller de l’avant. Je donne toujours le meilleur de moi-même en tant qu’arbitre et je cherche constamment à me perfectionner. De plus, le président des arbitres, M. Chbibi, m’a soutenue dans cette démarche. Il sentait que j’avais les capacités pour atteindre le niveau international et il m’a vraiment encouragé en ce sens. Je tiens d’ailleurs, en mon nom et en celui de mes collègues arbitres, à le remercier énormément pour son soutien et son investissement auprès de nous.

L’obtention de ce brevet a-t-il nécessité un investissement important ?

Bien sûr. Tout investissement demande du temps et de l’énergie. J’ai d’abord dû passer mes grades au niveau national. Durant des années, j’ai participé aux différents séminaires (recyclages) et j’ai arbitré diverses compétitions à travers la Belgique afin de progresser et d’engranger de l’expérience.

En juin dernier, je me suis rendue en Croatie afin de présenter mon grade d’arbitrage international. Dans ce cadre, j’ai suivi une formation qui s’est ponctuée par différentes épreuves orales et écrites pour lesquelles j’ai dû réviser. C’était difficile mais le temps et l’énergie que j’y ai consacrés rendent cette réussite finale encore plus belle.

Êtes-vous beaucoup de femmes-arbitres dans le milieu du Taekwondo national et international ?

Malheureusement, au niveau national, il y a très peu de femmes arbitres. Il y en a davantage au niveau mondial. Même si, évidemment, les hommes restent beaucoup plus nombreux. Je me suis souvent interrogée à ce sujet. Peut-être que cette situation est due à la figure d’autorité que représente l’arbitre. Certaines personnes pensent peut-être que les hommes sont les seuls qui peuvent endosser ce rôle d’autorité.

Quoi qu’il en soit, je suis persuadée que les femmes peuvent tout aussi bien tenir ce rôle. J’encourage d’ailleurs toutes les jeunes filles et les femmes qui pratiquent le Taekwondo à se lancer dans l’arbitrage si elles le souhaitent. Je tiens à souligner qu’au sein de notre fédération règnent une excellente entente et un respect mutuel entre les différents arbitres.

Après l’obtention de ce brevet d’arbitre international, d’autres projets et ambitions personnelles sont-ils envisagés ?

Oui. Afin de m’améliorer en tant qu’entraîneur, j’ai pour objectif de participer aux formations ADEPS dans le but d’obtenir le brevet de moniteur Éducateur – je suis actuellement “Initiateur”. Dans le prolongement du travail accompli au sein de mon club, je vais continuer à aider mes élèves à progresser davantage notamment ceux qui souhaitent se lancer en compétition (Poomsae ou combat).

À mon humble niveau, je continuerai à promouvoir le Taekwondo en province de Liège en particulier et partout ailleurs dès que l’occasion se présentera. Autre initiative qui me tient à cœur : soutenir les filles et les femmes qui souhaitent se lancer dans ce sport. Leur dire que c’est possible et qu’elles peuvent y arriver aussi bien que les garçons et les hommes. La saison dernière, j’ai notamment décidé d’ouvrir une section féminine pour encourager les femmes à la pratique sportive de cet art martial.

En ce qui concerne l’arbitrage, j’aspire à poursuivre ma progression. Je souhaite continuer à prendre de l’expérience de haut niveau afin de pouvoir, un jour peut-être, officier dans une grande compétition comme les Championnats d’Europe ou les Championnats du Monde. Mais, je ne me mets aucune pression et j’avance à mon rythme. Chaque chose en son temps.

D’autre part et pour conclure, le samedi 8 septembre, je participerai à une démonstration pour l’ouverture du club Koryo à Martelange, en province de Luxembourg. Un soutien que j’ai promis à l’entraîneur car c’est est un ami. Plus globalement, je pense qu’il s’agit aussi d’une bonne initiative dont le but est de contribuer à la promotion du Taekwondo dans cette région de notre pays.

L’ABFT tient à féliciter chaleureusement Kaoutar pour l’obtention de son brevet international. Mais aussi pour son investissement passé et futur pour et dans le Taekwondo, tant au niveau belge qu’international. Elle nous donne d’ores et déjà rendez-vous le 28 octobre prochain à Ans en province de Liège pour l’International Ans Trophy. Au niveau de l’arbitrage international, Kaoutar se rendra aux Opens des Pays-Bas et d’Allemagne.

Article de Debora Romeyns