Dans le cadre de la future compétition “Ans Trophy”, Luc Sougné (Taegeug Ans) a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions
concernant cet événement récurrent dans le monde du Taekwondo mais également sur l’obtention récente du grade de 8ème DAN et sur le Taekwondo en général.
Bonjour Luc Sougné, merci d’avoir accepté notre interview.
Bonjour à vous, bonjour à tous ceux qui nous lirons.
Commençons par votre compétition, le « International Ans Trophy ». Il s’agit d’une compétition récurrente que l’on retrouve chaque année dans le calendrier du Taekwondo national mais également international. Depuis combien de temps votre compétition a-t-elle lieu ?
On doit être aux alentours des 25 ans. Cette compétition a lieu au niveau national, mais de nombreux pays européens sont régulièrement représentés comme la France, la Hollande, le Luxembourg et l’Allemagne. Evidemment, les compétiteurs belges restent les plus représentés.
Outre l’événement sportif évident, le but de cette coupe n’est-il également pas d’apporter beaucoup aux participants d’un point de vue personnel mais également à la région de Ans ?
Tout à fait. En créant cette coupe, nous voulions évidemment promouvoir le Taekwondo dans la région et le côté sportif du Taekwondo par le biais de cet événement, mais nous avions aussi pour but de donner l’occasion aux jeunes de s’initier à la compétition. Notre coupe est ouverte à tout âge et tout niveau. Nous avons reçu énormément de soutien durant toutes ces années, notamment de la commune d’Ans à qui nous louons depuis le début le « Hall des sports ». L’Adeps et Infrasport restent également des soutiens incontournables de l’organisation de cette coupe, mais également la Province de Liège.
Luc Sougné, vous êtes certes l’organisateur de cette grande compétition mais également un taekwondoiste confirmé puisque vous venez de passer avec brio votre 8ème DAN. Avez-vous suivi un entraînement particulier lors de votre préparation à cet examen ?
J’ai commencé l’entraînement environ 6 mois à l’avance dès que j’avais un moment de libre entre mes différentes activités professionnelles et sportives. J’ai également suivi un stage intensif de 3 jours en Corée avec le Maitre Seo Min-Hak qui m’a apporté beaucoup de son savoir lors de cette préparation.
Luc Sougné lors de son examen en juin 2012
Avez-vous rencontré certaines difficultés physiques ou autres ?
La principale difficulté et source de stress, au-delà de l’enjeu évident, fut que cet examen s’est déroulé en Corée dans un environnement nouveau et symbolique. Il a fallu aussi faire face a des modifications dans certains Poomse quelques jours avant le passage de l’examen qu’il a donc fallu intégrer dans un temps assez bref.
A presque 59 ans, vous êtes devenu le plus haut gradé belge francophone. Que diriez-vous à tous ceux qui commencent leur passage de grade ou qui souhaite continuer à gravir les échelons comme vous l’avez fait ?
D’abord, que si je l’ai fait, d’autres peuvent y arriver. Il est important qu’un maximum de gradés poursuivent leur progression au niveau des dans et ce pour plusieurs raisons. Je dirai aussi que les examens sont pensés pour être accessibles à tous et à tout âge. Le jury cherchera d’abord à vérifier que l’investissement et le travail de l’élève ont été suffisants. Même si un élève d’une vingtaine d’année arrivera plus facilement à exécuter certains coups de pied qu’un élève d’une quarantaine d’années – encore que… – les jurys cherchent à savoir si l’élève a donné le meilleur de soi-même et ne vont pas bloquer quelqu’un sous prétexte de l’âge ou d’une moindre agilité.
Vous êtes devenu 8ème DAN en ce mois de juin. Bien peu de pratiquants arrivent à ce niveau du Taekwondo. Qu’est-ce que cela vous apporte d’un point de vue personnel ?
Cela fait maintenant 40 ans que je pratique le Taekwondo et cet examen est une véritable récompense en soi. C’est une grande satisfaction et une reconnaissance personnelle importante. C’est aussi l’occasion de montrer qu’en Belgique, on peut aussi arriver à ce niveau. Il s’agit d’un examen technique, mais je pense que cela sanctionne aussi un niveau de pratique et de maturité dans une discipline permettant une plus grande autonomie et une approche plus personnelle.
En 40 ans de pratique des arts martiaux justement, vous avez pu suivre l’évolution de différentes fédérations, comme celle de Judo ou de Karaté. Que pensez-vous du Taekwondo belge et comment voyez-vous l’évolution de celui-ci ?
Il est certain que les fédérations de Judo et de Karate sont historiquement plus anciennes que la nôtre et occupent donc plus le terrain. Il nous faut promouvoir le Taekwondo en ses divers aspects ( compétition olympique, technique, self défense,..) auprès d’un public large et particulièrement des jeunes dont la proportion augmente. Nous pâtissons comme les autres fédérations en Belgique de l’organisation communautaire du sport qui ne favorise pas les synergies au niveau national. Au niveau francophone, il nous faut retrouver l’unité, poursuivre les efforts en matière de sport de haut niveau, de formation, de communication, de services aux membres et au développement des clubs et des activités pour tous les groupes d’intérêts, le tout dans un cadre fédéral renforcé.
La Belgique, outre ses problèmes communautaires, tente de développer le Taekwondo selon certains « modèles ». La Corée mise à part, quels pays citeriez-vous en tant que « modèle » pour le Taekwondo ?
Je pense que la France a une excellente gestion de ce sport. Après une naissance laborieuse suite au détachement de la fédération française de Karaté, elle a pu développer une expertise fédérale dans les différents domaines de la gestion. Les résultats sportifs ont suivi et cela dans un contexte national ou le sport occupe une autre place dans la société que chez nous. Mis à part la France, d’autres pays sont performants comme la Turquie, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne.
Pour terminer avec cette interview, Luc Sougné, je suppose que vous avez suivi les Jeux Olympiques de Londres cet été. Qu’en avez-vous pensez ? Que diriez-vous face à certaines critiques qui estiment que le Taekwondo est devenu une sorte « d’escrime des jambes » plutôt qu’un véritable Taekwondo comme on pouvait le voir avant ?
Je pense que le Taekwondo doit se battre pour rester un sport olympique et donc doit tenir compte des remarques et exigences du monde extérieur. Il a fallu réagir pour atténuer la réputation de dangerosité du Taekwondo (coups de pied a la tête) et adopter de nouvelles règles en ce compris au niveau de la transparence de la gestion des matches d’où l’apparition des protections électroniques, du video replay, des 10 secondes, de la redistribution des points selon la touche etc. On peut espérer que cela nous évitera l’exclusion des JO mais il faut poursuivre l’effort jusqu’à la décision finale en septembre 2013.
Merci à vous, Luc Sougné, pour votre travail et votre dévouement dans le Taekwondo.
Merci aussi.
La « Ans Trophy » aura lieu le dimanche 28 octobre 2012. Nous vous rappelons que les inscriptions doivent parvenir AVANT LE 22 OCTOBRE via le site de http://www.ma-regonline.com
Les places sont limitées à 250. Nous vous conseillons donc de vous dépêcher d’inscrire vos combattants afin d’assurer votre présence à ce grand événement.
Plus d’infos: http://new.abft.be/wp-content/uploads/2012/09/ANS-TROPHY20124l1.pdf
Luc Sougné et Arber Bajra (Taegeug Ans)